“Pigeons & dragons” : des héros nuls, des échecs flamboyants et du rire de qualité Quand trois compères chevaliers en plastique évoluent dans un Moyen Age obsédé par les réseaux sociaux, on rit beaucoup. Et on médite pas mal grâce à ces petits bijoux d’animation et d’imagination. Encore un bon Rendu, en somme… Sonnez hautbois, résonnez musettes ! C’est l’heure du conte. Vous êtes bien installés ? Il était une fois trois valeureux chevaliers, beaux, forts et intelligents. Ah non, pardon, on est sur Arte Creative cette semaine… On reprend : « IIs sont chevaliers, ils sont trois, ils sont nuls. Leur objectif ? Entrer dans la légende en faisant le buzz sur le réseau social de l’époque, les pigeons. » Voilà qui est bien plus alléchant, merci.
C’est le pitch de Pigeons & dragons,la nouvelle websérie signée Nicolas Rendu (à qui on doit entre autres choses Tout est vrai (ou presque), également sur Arte Creative) et entièrement réalisée en stop-motion avec des petites figurines en plastique. Francis, Maurice et Godefroy sont nos trois héros minables, au courage limité et à la jugeote toute relative. Bannis du royaume pour une sale histoire d’incendie volontaire (un truc de pompier pyromane version Moyen Age), ils doivent parcourir le monde et raconter leurs exploits au conteur-ménestrel Rayan, à l’aide de pigeons. Alors évidemment, leurs aventures sont une succession d’échecs et de ratés flamboyants.
En vrac, ils vont malencontreusement occire une licorne magique (et ça va pas être bon pour leur karma), gober des champignons hallucinogènes offerts par un chevalier rangé des bagnoles, affronter le redoutable Jacques le Rouge (qui est en réalité un gars poli et daltonien), éconduire un sadomasochiste dans un marais bien glauque, Maurice va finir « dégoûté de la vie à jamais » comme un ado prépubère… On en passe. Chaque épisode à son méchant issu d’un appel à participation lancé en amont du projet. Ainsi, Pigeons & dragons est la série « dont vous faites le méchant », et les gentils contributeurs sont remerciés au générique. Alors on rit beaucoup, avec cette série, certes, mais on médite aussi. Comme nos héros en plastique, qui vont apprendre sur eux-mêmes et sur le sens de la vie (littéralement dans cet épisode qui donne mal à la tête) au fil de leur quête. D’où leur vient cette violence ? Pourquoi Godefroy s’appelle en réalité Gérard ? Où vont-ils ? Pourquoi tant de haine ? Quel est le sens du poil ? On est au niveau zinzin de la sagesse, vous êtes prévenus.
Les trente épisodes de Pigeons & dragons sont autant de petits bijoux d’animation et d’imagination. Ils vous feront bien plus réfléchir sur votre moi intérieur qu’une vulgaire séance de psy. N’oubliez pas, comme le dit Rayan : « Ne laissez jamais personne vous voler votre traumatisme, c’est lui qui vous fait avancer dans la vie. »
making off : https://pigeonsetdragons.tumblr.com/ http://www.frenchtouch2.fr/2017/01/pigeons-et-dragons-nouvelle-webserie.html http://www.ina.fr/emissions/pigeons-et-dragons/