Laos – Viande de grillon – libération vendredi 22 Avril 2011
Par DELPHINE BARRAIS et HANA LEVY Envoyées à Vientiane (Laos)
Photos TIPHAINERÉTO
L’élevage de ces insectes pourrait faire reculer la malnutrition chronique qui sévit dans le pays. La FAO vient de lancer un ambitieux programme d’encouragement à Pentomoculture.
Au cœur de la capitale laotienne, à quelques minutes en tuk-tuk des rives du Mékong, Thong Dee s’affaire dans son arrière-cour. Cette grand-mère de 60 ans y élève poulets, grillons et champignons. «Les votantes sont là depuis des années mais cela ne me rapportait pas assez, alors, après avoir vu un spot publicitaire sur une chaîne thaïlandaise vantant les propriétés de l’élevage d’insectes, j’ai acheté quelques œufs de grillons à un ami et me suis lancée. C’était Uya quatre ans.
Aujourd’hui, ça me rapporte 300000 kips par mois.» Soit 30 euros, un peu plus que le salaire moyen mensuel. Pionnière en la matière, Thong Dee aime à raconter comment elle a traversé le Mékong pour s’initier à l’élevage d’insectes en Thaïlande. Avec un investissement d’à peine quelques milliers de kips, l’activité n’a d’abord été pour elle qu’un passe-temps avant de devenir une source de revenus. Elle a fait construire 12 cylindres en béton d’un mètre de haut et de 1,50 mètre de diamètre. Dans chacun d’eux, elle a déposé ses premiers œufs de grillons domestiques, une coupelle d’eau et un empilement de Plaquettes en cartons remplies de sable Pour récupérer les œufs de sa deuxième génération. Thong Dee n’a jamais utilise aucun pesticide. Une moustiquaire et une rigole d’eau lui permettent de lutter contre les fourmis, l’ennemi numéro 1 du grillon.
Depuis, elle passe, jour après jour nourrir ses nouveaux pensionnaires’«On m’avait conseillé de leur donner des légumes, indique la nouvelle productrice, mais je n ‘avais pas les moyens de me rendre au marché pour les acheter Alors je leur ai servi la même nourriture que celle que je donne aux poulets Ils ont les même et les générations se sont succédé » Au Laos, ces histoires restent très rare sa ors qu’elles peuvent rapporter gros Un petit coin de terre entre deux maisons suffit à en faire une source de revenus non négligeable… et une ressource alimentaire incontournable.